Multi-récidive : Gardons le moral
Fin 2011, j’ai 49 ans. On me diagnostique un cancer de la prostate (PSA=5.74) ayant très légèrement franchi la capsule. Décision est prise de m’opérer 2 mois plus tard un peu avant mes 50 ans. Comme tout le monde dans le même cas, je craignais les dommages collatéraux que sont l’impuissance et l’incontinence. Je me rendrai compte plus tard que mes craintes étaient fondées…
L’opération se déroule à merveille grâce aux mains expertes de mon chirurgien et aux bras articulés de mon nouvel ami le robot Da Vinci. Adénocarcinome infiltrant pT3aN0M0 R1 Gleason 7(4+3).
Aucune douleur au réveil. Je sors 4 jours plus tard avec une prostate, 2 vésicules séminales, 16 ganglions en moins et une sonde urinaire en plus entre les jambes !
Jusqu’à présent tout va bien. Une semaine après la sortie, il est temps d’enlever la sonde. Je croise les doigts… et miracle, aucune fuite urinaire, ni assis, ni debout, ni en marchant, ni en toussant…. Bref, zéro goutte. La première de mes craintes a disparu.
Mon second souci, concernait bien sur les érections. Leur rétablissement s’est fait attendre pendant plusieurs mois malgré la prise quotidienne de Cialis. Il faut dire que lors de l’opération, seule une des deux fameuses bandelettes a été conservée…
Après environ 2 années de patience, mes érections sont revenues presque comme avant. Elles ne sont malheureusement pas revenues seules. Mon cancer aussi est revenu. C’est qu’il s’accroche le maudit crabe ! Une récidive locale. 35 séances de rayons. Quelques semaines après la radiothérapie, mon PSA est de nouveau indétectable.
La trêve sera de courte durée. L’année suivante, sera l’année de tous les ennuis. Une deuxième (j’aurais préféré une seconde…) récidive. Cette fois-ci à distance. Une méchante métastase (Gleason 8) isolée sur une côte. On en viendra à bout en 3 séances de CyberKnife.
La métastase vaincue, tout aurait pu être pour le mieux dans le meilleur des monde… C’était sans compter sur mon rectum qui, certainement jaloux de ne pas être de la partie, s’est affublé de ce que le gastro-entérologue appelle un ‘coup de soleil’, en d’autres termes une rectite radique. Cette dernière étant plutôt tenace, je suis encore sous traitement pour éviter les rectorragies et autres douleurs.
Et là, c’est l’engrenage qui commence. Je dois dire adieux à mes érections naturelles à peine retrouvées.
A cette même époque, je commence à avoir des fuites urinaires. Au début, quelques gouttes, puis de plus en plus. Mon incontinence est très vite devenue totale (même en position allongée). Me voilà donc porteur d’un implant (un sphincter urinaire artificiel). Mes bourses se sont transformées en boite à outils ! C’est en effet à cet endroit que se cache la petite pompe qui me permet de me soulager quand le besoin s’en fait sentir…
Me voici donc à 55 ans, cancéreux, impuissant et incontinent. Je dois vivre avec des rectorragies et des hématuries à répétition. Le tableau n’est pas génial, mais le moral est bon. C’est l’essentiel…
Une troisième récidive se profile… La routine en somme (mais dont je me passerai bien !) Un Tep-PSMA devrait bientôt être en mesure de localiser où ce maudit crabe est allé se nicher… Encore un qui va se prendre un gros coup derrière la tête !!!… Affaire à suivre … Gardons le moral.
26 février 2018