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Les différents facteurs de risque

Plus les hommes sont âgés, plus le risque d’avoir un cancer de la prostate est important.  

Le cancer de prostate est hormonodépendant (ou androgénodépendant), c’est-à-dire qu’il est nécessaire d’avoir une exposition à la testostérone pour voir se développer un cancer et qu’il est sensible à la présence ou non de testostérone (il n’existe pas de cancer de la prostate chez l’eunuque).  

L’incidence augmente chez les noirs nord-américains et elle diminue dans les pays asiatiques (incidences supérieure à 100/100 000 pour les noirs nord-américains, de 45/100 000 en France de 6/100 000 en Inde, 3/100 000 au Japon et 0,8/100 000 à Shanghai).  

Les formes familiales de cancer de la prostate sont habituellement définies par l’existence d’au moins 2 cas chez des apparentés du premier degré. Cette notion familiale est retrouvée pour 20 % des patients. Au sein de ces familles, la reconnaissance d’une forme héréditaire compatible avec la transmission d’un gène majeur de prédisposition nécessite des critères plus stricts (critères du John Hopkins Hospital) :

– 3 cancers de la prostate chez des apparentés du 1 er ou du 2 ème degré,
– ou 2 cancers de la prostate diagnostiqués avant l’âge de 55 ans, chez des apparentés du 1 er ou du 2 ème degré.

Pour un homme ayant des critères de cancers familiaux de cancer de la prostate, un dépistage précoce (par toucher rectal et PSA tous les ans) dès l’âge de 45 ans peut être proposé. A noter que dans ces formes familiales, il n’existe à priori pas de spécificité anatomo-clinique ou évolutive les différenciant des cancers sporadiques en dehors d’un âge de survenue plus précoce. Il n’existe donc aucune attitude thérapeutique particulière quant à leur prise en charge.

En raison de la disparité géographique des incidences du cancer de la prostate (cf. facteurs ethniques) et des différents types d’alimentation dans le monde, nombreux sont ceux qui ont voulu établir des liens entre les deux. La possibilité d’une telle relation est de plus mise en exergue par le fait que l’incidence du cancer de la prostate au Japon a augmenté récemment avec l’occidentalisation de leur nourriture et sous-tendu par l’augmentation de cette même incidence chez les asiatiques immigrés aux Etats-Unis.

( A noter : quand un aliment a une propriété anti-oxydante, il va pouvoir combattre les radicaux libres, molécules à l’origine de dommages cellulaires. On pense d’ailleurs que les radicaux libres sont à la base du processus de vieillissement. Ils peuvent aussi affaiblir notre système immunitaire menant possiblement à une augmentation du risque d’infections et de maladies dégénératives telles le cancer et les maladies cardiaques.)

Alimentation : rôle néfaste

L’incidence du cancer de la prostate augmenterait chez les patients qui auraient une alimentation riche en graisse. La proportion de graisses dans notre alimentation quotidienne ne devrait pas dépasser 30, voire même 20 % du total des calories apportées. De plus, ces régimes semblent favoriser l’agressivité des tumeurs. Il semble néanmoins qu’il faille différencier les graisses saturées (animales dont la tête de file est la viande rouge) des graisses insaturées (végétales et huiles de poisson) ; Les premières, saturées, sont plus souvent en cause dans le cancer de la prostate. De plus, la survie de patients atteints d’un cancer de la prostate serait plus faible en cas de consommation de graisses saturées.

Le cadmium augmenterait le risque de cancer de la prostate. C’est un métal qui a connu un essor foudroyant, grâce à ses propriétés technologiques anticorrosives intéressantes, même si il est facilement attaqué par des acides.

Il existe plusieurs voies de contamination ; La première est alimentaire, et notamment via les fruits de mer. Dans tous les estuaires ou les côtes qui ont des rejets, on trouve du cadmium dans les sédiments et, forcément, dans les coquillages. Les coquilles Saint-Jacques et les huîtres, entre autres, retiennent les particules élémentaires en filtrant l’eau de mer. Elles peuvent donc être la source de contamination. Les autres aliments riches en cadmium sont le foie, les champignons, la poudre de cacao et les algues séchées. La seconde contamination alimentaire peut se faire par les ustensiles de cuisines ou la vaisselle. Certaines assiettes décorées peuvent contenir des pigments qui contiennent du sulfure de cadmium, les lithopones, très recherchés pour leur couleur rouge orangée. Ces assiettes peuvent donc poser problème si elles contiennent des aliments à réaction acide. On a également souligné le fait que le cadmium entre dans la composition de nombreux alliages : ceux-ci peuvent être utilisés dans de petites pièces de bouilloires ou de cafetières et contaminer ainsi le thé ou le café.

La seconde source de contamination est professionnelle où les risques d’intoxication sont biens connus. Les ouvriers qui travaillent dans l’industrie du cadmium ou du zinc (souvent associé au cadmium) doivent respecter des règles d’hygiène.

La troisième source est environnementale. L’air peut également contenir du cadmium (usure de pièces mécaniques d’automobile, des pneus). Pour les canalisations d’eau, on utilise le plus souvent du fer galvanisé, or cette galvanisation est réalisée avec du zinc et contient donc du cadmium. On en trouve aussi dans les pesticides et les engrais.

Enfin, les fumeurs s’exposent également au cadmium. Ce dernier étant très volatil, il passe dans la fumée. Or si le taux d’absorption de ce métal par voie digestive est de 5 à 10 %, il atteint 50 % par voie pulmonaire.

 

Alimentation : rôle protecteur

Le lycopène est un anti-oxydant que l’on retrouve essentiellement dans les tomates et qui est d’ailleurs responsable de leur couleur rouge (les autres produits en contenant sont le pamplemousse rose et la goyave). La consommation de lycopène diminuerait le risque de cancer de la prostate. La consommation de tomates ou de ses dérivés est donc conseillée, mais il vaut mieux les consommer cuites, car on augmente alors la biodisponibilité du lycopène (sauce tomate, pizza, ketchup, jus, soupe, potage, concentré, …).

Les différences d’incidence du cancer de la prostate entre les pays occidentaux et les pays asiatiques ont poussé les chercheurs à s’intéresser au soja. Ce sont les isoflavones (génistéine notamment) qui seraient responsables en grande partie de son rôle protecteur. On ne connaît pas aujourd’hui la dose optimale quotidienne qui serait à prendre.

Une incidence plus faible de cancer de la prostate dans les pays à forte exposition solaire a suggéré le rôle protecteur de cette vitamine. Mais il est encore difficile de tirer ici des conclusions claires, et il faut donc attendre les résultats d’autres études.

Il aurait un effet protecteur vis-à-vis du cancer de la prostate. Le sélénium est un élément minéral dont le caractère indispensable a été découvert à la suite de la description de la maladie dite de Keshan (= maladie du muscle cardiaque congestive endémique), très fréquente chez les jeunes enfants et les femmes de la province chinoise du même nom. Cet oligo-élément agit favorablement sur les molécules de notre organisme qui ont un effet anti-oxydant majeur, ainsi il participe à la lutte contre les radicaux libres. Ses meilleures sources demeurent les produits de la mer, avec la langouste, les moules, les noix de St. Jacques et les poissons. Les autres aliments sont les œufs, les viandes, les lentilles cuites, les fromages et enfin les légumes. A noter que la teneur en sélénium des aliments dépend de la quantité présente dans le sol, pour les légumes notamment.

Nécessitant des études complémentaires

Cette vitamine se retrouve dans les huiles végétales. Elle aurait peut-être un effet protecteur, mais on manque encore actuellement d’arguments pour le prouver.

Cet élément, qui a des propriétés anti-oxydantes, présente une activité proche de la vitamine A et est contenue dans de nombreux fruits et légumes, dont les oranges et les carottes. Son rôle vis-à-vis du cancer de la prostate est débattu ; On manque là encore de données …

Le terme  » vitamine A  » regroupe l’ensemble des composés naturels présentant une activité biologique comparable à celle du  » rétinol « . Le rétinol évoque la rétine de l’œil en raison du rôle très important que joue cette vitamine sur les mécanismes de la vision. Déjà, dans l’Antiquité, le foie, riche en vitamine A, était utilisé pour soigner certaines affections des yeux.
Cette vitamine est présente par ordre décroissant dans le foie d’agneau, l’huile de foie de morue, le foie de génisse, de veau ou de volaille, les carottes crues, les épinards cuits, le beurre, les abricots frais, le fromage et le lait entier. Son rôle vis-à-vis du cancer de la prostate est encore discuté, les études étant très contradictoires.

Il est à noter par ailleurs que le rôle de la vitamine C dans la survenue de ce cancer est très débattu, que le thé vert (les polyphénols auraient un effet protecteur chez la souris) ainsi que l’ail, la surconsommation de calcium ou l’influence des fibres alimentaires sont à l’étude. Il en est de même pour l’obésité.

Conclusions

En conclusion, des consignes diététiques simples peuvent être données aux patients, même si de nombreuses études doivent encore être menées sur le sujet. Il faut réduire sa consommation globale de graisses, en diminuant de plus les graisses saturées au profit des graisses insaturées. Il faut prôner l’inclusion dans le régime alimentaire de fruits et légumes ainsi que du soja. Ces modifications de régime alimentaire s’adressent aussi bien évidemment aux hommes en général qu’aux patients qui ont un cancer de la prostate, car il est de moins en moins discutable que l’alimentation a une action sur la biologie de ce cancer.

2003, Dr Rodolphe THURET, urologue

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Article de mai 2013 sur la pharmaco et la nutri-prévention dans le cancer de la prostate

Prévention

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